La crise sociale au sein de la Société minière de Kilo-Moto (SOKIMO) a atteint un niveau critique. Les agents de la représentation de la SOKIMO à Bunia ont déclenché un mouvement de sit-in devant le siège de l’entreprise pour manifester leur "mort latente", réclamant le paiement de 125 mois d'arriérés de salaire cumulés. Cette protestation met en lumière la souffrance extrême des travailleurs et la défaillance de la gouvernance au sein de cette entreprise publique.
Le mécontentement des agents se cristallise autour du cumul ahurissant de 125 mois de salaires non versés. Quinze de ces mois d'arriérés sont survenus sous le mandat de l'actuel Directeur Général, Pitsis Bonongo Tokole, en dépit d'une promesse initiale de "ne jamais accumuler d'arriérés" sous sa direction.
Par le biais de kalikots affichés devant leur bureau, les manifestants accusent leurs mandataires actuels de manquer de détermination pour défendre les droits des travailleurs et de la société auprès des instances gouvernementales. Ils dénoncent des conditions de vie médiocres qui entraînent la "mort à petit feu" des agents qui, malgré tout, sont toujours en service.
Appel à la pression institutionnelle et proposition de solution d’urgence
Les agents de la SOKIMO demandent à leur Direction Générale de cesser de se lamenter et d’entreprendre des démarches énergiques auprès des autorités nationales compétentes, notamment : le ministère des Mine; le ministère des Finances; le ministère du Portefeuille; l'Inspection Générale des Finances (IGF); et l'entité partenaire Kibali Goldmines.
L'objectif de cette pression est d'assurer que les dividendes de l'exercice 2024 soient versés intégralement à la SOKIMO, et non partiellement comme cela se pratique actuellement, afin de pouvoir apurer les arriérés de salaires.
Face à l'urgence, la délégation syndicale de la SOKIMO à Bunia, par la voix de son coordonnateur, Faustin Tchemara, a formulé une proposition concrète et immédiate :
« Étant donné que 4 millions de dollars américains encaissés par la SOKIMO pour la relance loge dans une banque, nous proposons que cette enveloppe soit orientée momentanément pour la paie des salaires des agents sous forme de prêt et que l'argent des dividendes compense cette rubrique dès qu'il sera versé. »
Ce mécanisme de prêt interne témoigne du désespoir des travailleurs, contraints de proposer eux-mêmes des solutions financières d’urgence.
Désespoir et sollicitation des élus nationaux
Les agents rencontrés sur le lieu du sit-in se disent désespérés quant à leur avenir au sein de l’entreprise. L’irrégularité des salaires rend la vie « difficile à vivre » et sape toute perspective d'une vie décente pour eux et leurs familles.
Ils sollicitent par conséquent l'implication directe des parlementaires de l'Ituri pour porter ce dossier au niveau national, exiger la transparence dans la gestion des fonds de l'entreprise et faire pression afin que leurs droits légitimes soient rétablis sans délai.
Serge Karba / Ituri
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