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Le Président de la RDC, Félix Tshisekedi, lors de son arrivée ce mardi 9 septembre à Astana, au Kazakhstan. PHOTO DROITS TIERS |
*À la quête d'un ailleurs pour exister face à l'urgence d'ici ?
Le président Félix Tshisekedi a entamé ce mardi 9 septembre une visite d'État de 48 heures à Astana, au Kazakhstan. Cette destination, pour le moins inattendue, a soulevé des interrogations sur les priorités d'une diplomatie qui semble chercher un sens loin de ses frontières, à l'heure où les urgences nationales s'accumulent.
Alors que l'Est de la République démocratique du Congo est en proie à une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent, le Chef de l'État a choisi de s'envoler vers l'Asie centrale. Cette première visite au Kazakhstan, une ancienne république soviétique, s'inscrit dans une logique de "première fois" qui interroge. Si l'ouverture à de nouveaux partenaires est louable, le choix d'un pays avec lequel la RDC n'a historiquement que peu de liens soulève des questions sur la pertinence d'une telle initiative.
Des accords miniers pour combler un vide ?
La visite est censée déboucher sur la signature d'accords et de mémorandums d'entente dans les domaines de l'exploitation minière et de la géologie. Ces accords portent sur l'exploration, l'extraction, l'utilisation de l'intelligence artificielle et la formation des cadres.
Cependant, la question demeure : dans quelle mesure un partenariat avec le Kazakhstan peut-il concrètement aider la RDC à résoudre les problèmes d'un secteur minier souvent décrié pour son manque de transparence et ses faiblesses structurelles ? Il est possible que cette démarche soit moins un acte pragmatique qu'une tentative de montrer une certaine proactivité à l'international, comme si l'action lointaine permettait de masquer les difficultés de l'action de proximité.
En fin de compte, la visite de Félix Tshisekedi au Kazakhstan symbolise un paradoxe : celui d'une quête d'existence sur la scène mondiale, qui se fait au prix d'une forme d'absence sur la scène nationale. L'urgence est ici, sur le territoire congolais. L'exploration de "l'ailleurs" ne devrait pas se faire au détriment de la résolution des problèmes "d'ici". C'est un voyage qui pose une question philosophique : la diplomatie peut-elle être une fin en soi, ou doit-elle avant tout servir la résolution des défis nationaux ?
Félix Mulumba
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