Cet officier de l'armée, de l'ethnie tutsi, est accusé par la société civile et les milices locales, les Wazalendo, d’être un « traître » et de vouloir faciliter la prise de la ville par l'Alliance du Congo (AFC) et le M23. Ces événements défient ouvertement la nomination faite par le président Félix Tshisekedi et mettent en lumière les tensions sécuritaires et communautaires qui s'exacerbent dans la région.
Les affrontements ont éclaté alors que la population, soutenue par les milices Wazalendo, tentait d'empêcher l'installation du général Gasita. Selon les manifestants, cet officier aurait fui Bukavu lors de la prise de la ville par l'AFC/M23 et sa nomination à Uvira, une zone hautement stratégique, est perçue comme un risque majeur pour la sécurité.
Les tirs, qui ont fait au moins cinq victimes, ont semé la panique et la consternation parmi les habitants. La société civile locale a publié des communiqués et a adressé un mémorandum à la présidence de la République pour exiger le départ immédiat de cet officier. Les manifestants affirment détenir des preuves de la complicité présumée de l'officier avec les rebelles.
Le dilemme de Félix Tshisekedi face à la pression populaire
Cette situation place le président Félix Tshisekedi devant un choix crucial. Le fait que la population conteste une décision émanant du chef de l'État et de l'état-major de l'armée est un fait sans précédent dans la région.
Cela soulève la question de savoir si le président cèdera à la pression populaire, à l'instar de son retrait de l'initiative de révision constitutionnelle, perçue comme une décision de plus en plus difficile à mettre en œuvre en raison de l'avancée de l'AFC/M23.
La crise d'Uvira met en évidence la profonde méfiance qui s'est installée entre une partie de la population de l'Est et l'armée nationale. Les accusations de trahison, d'incompétence et les rumeurs d'infiltration au sein des FARDC sont de plus en plus fréquentes. La situation est d'autant plus préoccupante qu'elle oppose l'armée régulière à des milices locales qu'elle a elle-même encouragées dans la lutte contre le M23.
L'incertitude face à un conflit grandissant
La situation sécuritaire à Uvira reste extrêmement volatile. Le bras de fer entre les manifestants et l'armée continue de paralyser les activités dans la ville. L'issue de cette crise dépendra de la réaction des autorités. Si le président Tshisekedi refuse de céder à la pression, il risque d'amplifier la crise et de plonger Uvira dans un nouveau cycle de violences. S'il accède à la demande du peuple, il affaiblira l'autorité de l'État sur ses propres nominations et encouragera une ingérence des acteurs locaux dans les décisions militaires.
L'avenir de la sécurité à Uvira est entre les mains de Félix Tshisekedi. La population et les observateurs attendent de voir quelle sera la décision du président face à une situation qui pourrait avoir des conséquences majeures pour la stabilité de toute la région.
Félix Mulumba
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