Un tournant majeur vient d’être franchi dans un dossier judiciaire retentissant impliquant des fonds publics détournés. À travers une lettre officielle datée du 5 septembre, la Rawbank a notifié au Parquet Général près la Cour de Cassation l'exécution d’une réquisition judiciaire ordonnant l’extourne de 19.900.000 USD (dix-neuf millions neuf cent mille dollars américains) au profit du Trésor public.
Cette restitution fait suite à la réquisition N°3080/RMP V/0221/PGCCAS/WB/VON/KAL/2025 adressée par Monsieur le Procureur Général Firmin Mvonde Mambu, dans le cadre d’un dossier lié à une opération financière jugée irrégulière impliquant la société Zion Construction et le Ministère de la Justice.
Les faits : une extourne de près de 20 millions USD exécutée
Dans sa correspondance, la Rawbank précise avoir reçu l’ordre de transférer les fonds susmentionnés vers le compte officiel du Ministère de la Justice V/C FRIVAO, logé dans ses livres sous le numéro 05101-01024845401-28/USD. Ce montant avait initialement été logé dans le compte de Zion Construction (N° 01145175001-47/USD) dans des conditions que le Parquet considère comme suspectes.
En réponse à cette réquisition, Rawbank confirme avoir procédé à l'extourne, c’est-à-dire au débit du compte de Zion Construction au profit du compte officiel du ministère, conformément aux instructions judiciaires. L’opération a été intégralement comptabilisée et la banque a également joint les pièces comptables justificatives à sa réponse au Parquet.
Ce retournement spectaculaire de fonds publics constitue un signal fort lancé par le système judiciaire congolais contre la mauvaise gestion, les détournements et les opérations financières douteuses qui gangrènent l'administration publique. Il témoigne également d’une volonté croissante des autorités judiciaires de renforcer l’État de droit, notamment en matière de transparence budgétaire et d’accountabilité.
La procédure dirigée par le Parquet général près la Cour de Cassation, une des plus hautes instances judiciaires du pays, témoigne de la gravité des faits reprochés dans ce dossier et de l’attention qu’y accorde la justice congolaise.
Un dossier qui soulève de nombreuses questions
Toutefois, cette extourne, bien que saluée comme une victoire, soulève de nombreux points d’interrogation. Comment une somme aussi colossale a-t-elle pu être déplacée du compte du ministère vers une entreprise privée, sans déclencher plus tôt l’alarme au sein du système de contrôle financier ? Qui sont les responsables internes, tant dans l’administration que dans l’entreprise bénéficiaire, qui ont facilité ou autorisé cette opération ? Quelles complicités éventuelles pourraient être mises en lumière dans les semaines à venir ?
Autant de questions que la suite de l’enquête devra élucider. Il y a fort à parier que des responsabilités pénales seront engagées, surtout si les investigations révèlent une chaîne de complicités internes.
La prompte exécution de la réquisition judiciaire par Rawbank illustre également le rôle déterminant du secteur bancaire dans la lutte contre la corruption et le détournement de fonds publics. En coopérant avec les autorités judiciaires, les institutions financières comme Rawbank deviennent des alliées stratégiques dans la promotion de la bonne gouvernance.
Il faut souligner que cette affaire tombe dans un contexte national tendu, où les citoyens congolais réclament de plus en plus des comptes aux institutions sur l’utilisation des fonds publics. La restitution de près de 20 millions USD envoie ainsi un message d’espoir à une population souvent désabusée par les scandales à répétition.
La justice comme boussole morale
Par ce geste fort du Parquet, la justice congolaise renforce son image d’arbitre impartial dans la gestion des affaires publiques. Ce type d’action redonne confiance aux populations et pose les bases d’un futur dans lequel les institutions ne seront plus des instruments de prédation, mais des leviers de développement durable et équitable.
Alors que de nombreux autres dossiers similaires attendent dans les tiroirs des juges et procureurs, le traitement exemplaire de celui-ci pourrait servir de modèle pour une nouvelle ère de responsabilité publique en RDC.
Rédaction
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